Les IPSA, qui sont-elles ?

Les Infirmières Pilotes – Secouristes de l’Air, nées en 1934, constituaient la Section Aviation de la Croix-Rouge Française. Leurs tâches premières étaient d’être des soignantes en vol ou pilotes d’avions sanitaires.

Au cours des années qui suivaient, sans cesse de nouvelles fonctions leur étaient confiées. En effet, elles devenaient également Assistantes Sociales et Infirmières sur les bases aériennes.

A la fin de la dernière guerre, elles participèrent à la recherche des aviateurs abattus ou disparus. De plus, elles assistèrent les équipages à bord des avions qui rapatrièrent des prisonniers en très mauvais état physique et moral. A partir de cette expérience, certaines, infirmières diplômées d’Etat, furent recrutées par concours les unes comme convoyeuses de l’Armée de l’Air et d’autres constituèrent la totalité des premières hôtesses de l’air de la compagnie T.A.l., ancêtre de l’UTA, où elles furent hôtesses sanitaires, hôtesses et soignantes. Toutes étaient infirmières.

Dans ces deux métiers, convoyeuses de l’air et hôtesses sanitaires, elles participèrent durant la guerre d’lndochine à l’évacuation des blessés et au rapatriement des prisonniers.

Ensuite, en Algérie, elles assurèrent les convoyages des blessés à bord des avions sanitaires et des hélicoptères de l’Armée de l’Air et de l’A.L.A.T. (Aviation Légère de l’Armée de Terre), secourant, prodiguant les premiers soins, soulageant et réconfortant. Toutes étaient alors infirmières diplômées d’État.

La liste était longue de celles qui étaient allées jusqu’au sacrifice, se dévouant aussi bien sur le plan civil que militaire, plongées dans cette ambiance “Aéro” qui était la leur. Que l’action exemplaire de ces femmes, «Élites» de la Croix-Rouge Française, ne soit jamais oubliée.

Ensuite, les activités des IPSA étaient devenues différentes :

  • Certaines faisaient encore carrière dans l’Armée de l’Air, comme convoyeuses, l’École IPSA les préparant au concours d’entrée.
  • Certaines infirmières parachutables ont servi en Algérie à l’ALAT ou dans les SAS.
  • D’autres, qui comme les précédentes, étaient infirmières diplômées d’État, recevaient une formation aéronautique et en médecine aéronautique, aussi bien à Paris que dans certaines villes de province, et composaient les Réserves de l’Air ou Équipes d’urgence de la Croix-Rouge Française. Elles étaient Convoyeuses de Réserve.
  • D’autres encore, dont des Secouristes de la Croix-Rouge Française, recevaient une formation technique ainsi qu’un enseignement de Secourisme Aviation. Ce personnel était entraîné et pouvait intervenir, servir aussi bien l’aviation civile que militaire, secourir en cas de catastrophe ou de cataclysme.
    De plus, ces bénévoles assuraient les postes de secours implantés sur tous les terrains d’aviation de la région parisienne. Ces postes de secours devaient également se voir implantés sur tous les terrains en France.
  • Les IPSA formaient également des infirmières parachutables. Cette équipe vit le jour en 1935. Équipe sportive, entraînée pour être “larguée” à des endroits difficilement accessibles, pour secourir et soigner.

La Croix Rouge Française possède toujours une école préparatoire du personnel navigant commercial, Celle ci forme au Certificat de sécurité et sauvetage aéronautique indispensable pour être hôtesse ou steward. Elle propose également des formations de perfectionnement ou d’adaptation dans le même domaine.

École préparatoire du personnel naviguant commercial : 98 rue Didot 75014 PARIS

Quand la Croix Rouge avait ses “chevalières du ciel”

Les Infirmières Pilotes Secouristes de l’Air (IPSA) constituaient une sorte de “troupe d’élite”, 100 % féminine, au sein de la CRF. Leur mission ? Soulager la souffrance et restaurer le corps humain. Retour sur une aventure très particulière.

Croix Rouge et aviation : telle était la vocation des IPSA, dès l’origine, en 1934. Infirmières ou assistantes sociales, ces pionnières avaient opté pour les airs, alors même que l’aviation était balbutiante. Très vite, les comités IPSA ont essaimé en France (mais aussi en Afrique du Nord et en Indochine).

Attention : n’était pas IPSA qui voulait. La plupart d’entre elles étaient pilotes, disposant même, à partir de 1950, de leur propre aéroclub à Guyancourt. Les IPSA excellèrent aussi dans l’art du parachutisme. Au départ, il s’agissait surtout d’apprendre à se dominer face au risque. Le secourisme enfin, complétait la panoplie très spéciale des IPSA.

Au cours de la Guerre 39 – 45, ne pouvant pas voler, elles se sont engagées aux côtés des équipes d’urgence de la Croix Rouge. notamment lors des bombardements. Mais c’est surtout en 1945 qu’elles donnèrent toute leur mesure. Elles furent par exemple chargées de convoyer des prisonniers et déportés rapatriés par avion, soit 4000 civils russes alors regroupés au Touquet Paris Plage.

8 tuées en “service commandé”

Exemplaire fut, au même moment, l’action des 50 IPSA bénévoles de Paris. Certaines étaient affectées au sol, d’autres assuraient les liaisons entre Paris et plusieurs villes européennes libérées. En cinq mois, la section de Paris. aidée par celle de Bordeaux, accomplit 961 missions et permit de ramener en France 9098 déportés politiques, 7 512 prisonniers de guerre et 3 517 STO (Service de Travail Obligatoire).

Peu après, certaines furent intégrées parmi le personnel navigant de l’armée de l’air, en qualité de “responsables sanitaires”, d’hôtesses ou d’interprètes ! Pendant la guerre d’Indochine, elles soignèrent les 46743 blessés transportés par avion militaire. En Algérie, elles évacuèrent 48311 blessés et malades civils et militaires. Huit d’entre elles perdirent la vie, en “service commandé”.

Ces “troupes d’élites” ont cessé leurs activités en 1984. Elles signèrent pourtant de belles pages liant, au nom du principe d’humanité, la CRF et la grande époque de l’aviation. Mieux, elles furent l’un des fers de lance de l’engagement de l’institution dans le domaine médical aéronautique. Dès 1946, la CRF avait mis à disposition d’Air France ses infirmières, qui préfigurèrent le métier d’hôtesse de l’air. Ce n’est donc pas un hasard, s’il existe aujourd’hui, comme un lointain écho aux IPSA, une Ecole CRF préparatoire du personnel navigant commercial.

  • 1934 : Création d’un corps d’infirmières pilotes d’aviation sanitaire,
  • 1937 : Début de l’entraînement des IPSA au parachutisme,
  • 1939 à 1945 : 240 IPSA sont réparties sur des bases aériennes de France et d’outre mer.
  • 1945 : Rapatriement aérien sanitaire de prisonniers et déportés,
  • 1946 à 1976 : La majorité du recrutement des Convoyeuses de l’Air se fait parmi les infirmières préparées par le service de l’enseignement IPSA de la CRF.
  • 1971 : La formation visant l’obtention du Certificat de Sécurité Sauvetage nécessaire à tout personnel navigant est confiée à la CRF.

Dans la tradition qu’elles ont forgée et sous l’impulsion de leurs animatrices, les IPSA prouvent que les femmes savent aussi mériter des ailes.

(d’après Manuel SOTO)